REFORME DU SECTEUR PUBLIC
REFORMES SOCIALES : L’INCENDIE COUVE
Par JeanMarie Godard AP
PARIS - En moins de 48 heures et deux discours annonçant des réformes de fond -ciblant notamment les régimes spéciaux et la Fonction publique- Nicolas Sarkozy se retrouve au milieu d'un champs de mines. Les principales fédérations de cheminots appellent à la grève et comptent faire office de locomotive pour un mouvement plus large, les syndicats d'autres secteurs étant désormais sur le pied de guerre.
Les fédérations de cheminots CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC et Sud appellent à cesser le travail le 18 octobre pour dénoncer en premier lieu les modalités de réforme des régimes spéciaux de retraite annoncées par Nicolas Sarkozy, mais également sur des revendications internes à l'entreprise comme la restructuration du fret et les suppressions de postes qui l'accompagne.
Et les fédérations de cheminots ne cachent pas qu'elles souhaitent que leur mouvement fasse tâche d'huile. "Nous souhaitons que la perspective de cette grève puisse amener à la construction d'une mobilisation plus large sur les retraites. Les cheminots seuls ne pourront régler la question des régimes spéciaux", explique ainsi le secrétaire général de la CGT-Cheminots Didier Le Reste.
Pour lui, "il y a assez de sujets de mécontentement pour mener une mobilisation de haut niveau. Il y a des enjeux de société qui sont posés".
Et même les syndicats qui ne se sont pas joints à l'appel, dans l'immédiat, brandissent la menace d'un mouvement dur. "Si les annonces restaient en l'état, la réponse sera à la hauteur de la brutalité des mesures annoncées. Si on doit partir en grève, ce ne sera pas une grève carrée, c'est-à-dire une grève de 24 heures, mais une grève longue et dure", prévient ainsi le secrétaire général de la Fédération générale autonome des agents de conduite (FGAAC, syndicat catégoriel des conducteurs de trains) Bruno Duchemin.
Avant de rendre leur décision définitive, la FGAAC, ainsi que l'UNSA-Cheminots, ont décidé d'attendre le résultat de leurs rencontres avec le ministre du Travail Xavier Bertrand, qui a entamé depuis mercredi des consultations sur le cadre général de la réforme des régimes spéciaux.
Les fédérations de l'Energie -regroupant notamment les syndicats d'EDF et de GDF- ont de leur côté prévenu mercredi soir qu'elles n'excluaient pas d'appeler les gaziers et les électriciens à se joindre aux cheminots, et rendront leur décision finale "dans le courant de la semaine prochaine".
A la RATP, les syndicats se sont rencontrés jeudi matin et attendent pour l'heure d'en savoir plus sur les intentions du gouvernement via les rencontres avec M. Bertrand, tout en se préparant aussi à un mouvement "dur".
"Aucune initiative, dont une ou plusieurs journées d'action, n'est à exclure", préviennent les organisations de la RATP dans leur communiqué commun diffusé à la fin de la rencontre intersyndicale.
"On n'appelle pas tout de suite parce qu'on veut informer les salariés, et se mettre en capacité de réagir unitairement. S'il doit y avoir un mouvement, ce sera avec tous les syndicats afin qu'aucun bus et qu'aucun métro ne sorte", précise un porte-parole de l'UNSA.
Sur un autre front, celui de la Fonction publique, les fédérations doivent se réunir vendredi matin, et dénoncent d'ores et déjà une "déclaration de guerre", à l'encontre des fonctionnaires, ou encore un "dynamitage" des fondements du secteur public. Et la Fédération syndicales unitaire (FSU, première fédération de la Fonction publique d'Etat) propose une "mobilisation d'ampleur nationale pouvant aller jusqu'à la grève d'ici la fin du mois d'octobre".
A l'Education nationale, l'heure est également aux prémices d'une mobilisation, avec en débat, une "semaine d'action unitaire" ponctuée par une journée nationale de grève "avant les vacances de la Toussaint". AP
Par Emmanuel Jarry Reuters - Mercredi 19 septembre, 19h05
NANTES (Reuters) - Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de "refonder" la fonction publique pour la rendre plus efficace, moins gaspilleuse et plus ouverte sur le privé, avec des fonctionnaires moins nombreux mais mieux payés.
"Le moment est venu de refonder l'Etat, de refonder le service public, de refonder la fonction publique", a déclaré le chef de l'Etat devant un parterre de futurs fonctionnaires à l'Institut régional d'administration (IRA) de Nantes.
Pour ce faire, il a dit vouloir conclure un "nouveau pacte" avec les fonctionnaires, baptisé "Service public 2012", qui permettrait de concilier "un meilleur service public au meilleur coût" et "des règles de gestion motivantes et équitables".
Sa mise en oeuvre s'étalera sur la durée du quinquennat, a précisé Nicolas Sarkozy, qui a chargé le ministre de l'Economie et des Comptes publics Eric Woerth et le secrétaire d'Etat à la Fonction publique André Santini de le préparer.
Il en a d'emblée fixé les enjeux : "Il manque en moyenne à notre pays un point de croissance économique par an pour que nous puissions financer notre santé, notre retraite, pour que nous puissions espérer atteindre le plein emploi, réduire notre fracture sociale, régler nos dettes et pour que les enfants puissent espérer vivre mieux que leurs parents", a-t-il dit.
Le chef de l'Etat a fixé une série d'objectifs : améliorer l'efficacité de la dépense publique, "développer partout la culture du résultat", évaluer systématiquement les politiques publiques, "moraliser la dépense publique" ...
Autant de conditions à remplir pour ne pas "démoraliser ceux qui travaillent (...), affaiblir le consentement à l'impôt" et" miner la solidarité", a souligné Nicolas Sarkozy, qui a souhaité notamment la mise en oeuvre, "dans chaque service public", d'un "grand plan de lutte contre la fraude".
Il a annoncé qu'il présiderait à la mi-novembre un "conseil de modernisation des politiques publiques" auquel participeront tous les ministres, qui se réunira de nouveau en avril.
Ses décisions "seront intégrées dans la préparation d'un budget pluriannuel couvrant la période 2009-2011, qui sera une première dans notre fonctionnement administratif", a-t-il dit.
Il a confirmé son objectif de non remplacement d'un départ à la retraite sur deux (un sur trois en 2008). "Il n'y a aucun autre moyen pour améliorer le pouvoir d'achat des fonctionnaires et de retrouver les marges financières nécessaires à l'Etat", a-t-il fait valoir. "Faire des gains de productivité, c'est la seule façon d'éviter d'être un jour ou l'autre contraint à une politique d'austérité pour empêcher l'explosion de la dette."
Nicolas Sarkozy, qui s'était efforcé la veille de convaincre les partenaires sociaux de participer à une "refonte" à marche forcée du système social français, s'est cette fois attaché à entraîner les fonctionnaires dans sa démarche réformatrice.
DEBAT NATIONAL
"Il nous faut sortir de cette spirale infernale où chacun s'efforce de résister au changement parce que l'on a fini par le convaincre qu'il n'était synonyme que de sacrifices (...) Je veux vous proposer une politique d'efforts où tout le monde est gagnant", a-t-il dit à l'adresse des fonctionnaires.
Il a ainsi pris soin de préciser que la réalisation de son objectif de réduction des effectifs serait progressive, "au fur et à mesure de l'avancée des réformes". Ainsi, dans l'éducation, cette réduction "sera fonction des progrès réalisés dans la remise à plat des programmes et des rythmes scolaires".
Il a évoqué la réorganisation territoriale de l'Etat, la réforme des cartes judiciaire, hospitalière et des trésoreries et perceptions, sans entrer dans les détails.
Il a redit qu'aucune réforme de l'Etat n'était envisageable sans revalorisation des carrières et sans amélioration de la situation "matérielle et morale" des fonctionnaires, auxquelles seront affectées une partie des économies réalisées.
Il a annoncé son intention de promouvoir l'individualisation des rémunérations pour mieux tenir compte "du mérite, de l'implication, de l'expérience et des résultats", et promis que heures supplémentaires seraient mieux payées.
Il a proposé une "révolution culturelle" pour l'accession à la fonction publique et la notation des fonctionnaires.
Le nombre de postes offerts aux concours de l'Ecole nationale d'administration, en baisse de 10% cette année, continuera a diminuer, a dit Nicolas Sarkozy, selon qui cette diminution s'appliquera aussi aux grands corps de l'Etat, tandis que le nombre de directions centrales sera divisé par deux.
Il a en revanche souhaité que soit privilégiée une "gestion par métiers" dans la fonction publique et que la mobilité des fonctionnaires vers le secteur privé soit facilitée.
Nicolas Sarkozy, parti d'un sombre constat sur l'état de la fonction publique où "le malaise est partout", a assuré que toutes ses propositions étaient "autant de thèmes de négociation et de concertation avec les organisations syndicales".
Il a annoncé son intention de faire un "bilan régulier" des avancées de ce chantier. "Dès le premier Conseil de modernisation des politiques publiques que je présiderai en novembre, je veux que des progrès significatifs aient été accomplis sur chacun des sujets", a-t-il dit.
Lire également l'avis de François Bayrou....
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