Députés tous frais payés au Mondial de rugby
Alors que l'Assemblée s'apprête à légiférer sur le lobbying, de nombreux élus sont invités dans les loges VIP.
Le rugby est à la mode en ce mois de septembre. Et les députés français nombreux à se presser dans les loges VIP des stades de la Coupe du monde. A Paris comme en province, à l'invitation des plus grandes entreprises: France Télécom, La Poste, TF1... Tous les groupes français s'offrent ainsi d'efficaces opérations de relations publiques. Et ce alors que l'Assemblée s'apprête justement à tenir un débat sur le sujet.
Chaque grande compétition sportive est désormais l'occasion de "resserrer les liens", "d'échanger des informations" ou de "mieux se connaître". Signe des temps: les députés que nous avons interrogés l'avouent facilement: oui, on les invite. Souvent. Un petit cocktail organisé par Visa Europe (les cartes bancaires, ndlr) "en présence de Philippe Sella, ancien capitaine du XV de France" si vous êtes une députée communiste inconnue. Plus si vous êtes un ancien et ministre populaire.
"C'est vrai, on m'a proposé des places, reconnaît Jean Glavany, ancien ministre de l'Agriculture, mais moi, je refuse tout. TF1 m'a proposé des places, France Télécom et d'autres, je ne sais plus."
Inconditionnel du ballon oval, le député socialiste des Hautes-Pyrénées s'est acheté il y a un an un "pack équipe de France" avec des amis supporters.
"Les gens attendent quelque chose de vous"
Qu'ils siègent au Palais Bourbon ou à Strasbourg, les députés sont énormément sollicités. La plupart acceptent sans barguigner ces propositions, qu'ils siègent à droite ou à gauche de l'hémicycle. Avec le raisonnement suivant:
"Je n'ai pas le temps d'y aller, mais si je pouvais, j'aurais accepté, explique Benoît Hamon, député socialiste invité par TF1 pour aller voir le "petit" match Tonga/Etats-Unis. Et je l'aurais déclaré comme avantage en nature, ainsi que le règlement du Parlement européen nous y oblige. Après, il ne faut pas mélanger les genres. En faisant cela, les gens attendent quelque chose de vous, mais vous n'êtes pas obligés de jouer le jeu. Personne n'est dupe. Le problème ce n'est pas d'être invité, c'est de savoir si cela va changer votre comportement politique."
(...)
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