PS ET MODEM FACE A LA « REALPOLITIK » MUNICIPALE
Par Elizabeth Pineau et Laure Bretton Reuters - il y a 1 heure 30 minutes
PARIS (Reuters) - A quelques mois des municipales, les états-majors du Parti socialiste et du MoDem ont fixé des règles en vue d'éventuelles alliances électorales qui pourraient être mises à mal au niveau local.
Martelée par François Hollande depuis la fin de l'été, la feuille de route socialiste apparaît largement plus contraignante que les consignes édictées dimanche par François Bayrou.
En clôturant le Forum démocrate dans les Landes, l'ancien candidat centriste à la présidentielle a réaffirmé la "ligne d'autonomie" de son nouveau parti sans fermer la porte à des accords locaux.
Les candidats MoDem auront le droit former des "listes de rassemblement" avec tout élu, PS ou UMP, qui s'engagera à respecter le pluralisme pour créer des majorités "pas sectaires".
Les yeux rivés sur les sept millions d'électeurs ayant voté Bayrou au premier tour de la présidentielle, le PS a fixé trois conditions à ces alliances: accepter le rassemblement de la gauche, rejeter la politique de Nicolas Sarkozy et travailler à un projet commun.
Cela revient à demander à François Bayrou de choisir entre droite et gauche, ce qu'il avait refusé de faire entre les deux tours de la présidentielle, quand Ségolène Royal lui avait tendu la main.
"ACUPUNCTURE"
En privé, François Hollande est persuadé que le "troisième homme" de la présidentielle 2007 ne viendra pas vers le PS tant qu'il entretiendra l'espoir d'être à nouveau candidat en 2012.
La question des alliances "ne se pose pas à nous mais au MoDem", commente un député socialiste, agacé qu'on fasse à nouveau "exister" François Bayrou après l'expérience de mai dernier et le face-à-face télévisé avec Ségolène Royal.
Pour les municipales, "les consignes parisiennes ne marchent pas", tranche le politologue Dominique Reynié. "Vous avez toute une série d'élus locaux qui veulent préserver leur situation, tenter leur chance ou faire un 'coup' en interne. C'est le pragmatisme qui prévaut".
De plus, les Français semblent apprécier "d'attirer à soi des membres de l'autre camp", ajoute-t-il. "Sarkozy le fait, donc c'est difficile de ne pas le faire".
Si elles relèvent avant tout de considérations locales, les alliances électorales avec le centre auront des conséquences sur la rénovation engagée par le PS après trois échecs présidentiels consécutifs, ajoute Dominique Reynié.
"Le PS va devenir social-libéral par acupuncture. Chaque commune où il y a une liste avec le MoDem sera un point de traitement", prédit-il.
Dans plusieurs grandes villes emblématiques, les édiles socialistes lancent donc des ballons d'essais. A Lyon, Gérard Collomb ne cache pas son intention de discuter au niveau local avec le MoDem pour conserver la ville, qu'il a ravie... aux centristes en 2001.
Egalement tenté, son voisin de Grenoble, Michel Destot, réclame des discussions sur des "propositions concrètes" entre appareils politiques dont il dénonce "l'énorme paresse".
"GARE A LA CASSE!"
En se lançant dans la course la semaine dernière à Marseille, Jean-Noël Guérini a promis de former une équipe pas seulement socialiste, "avec des gens différents" notamment "des personnalités de la mouvance Bayrou".
Comme le PS, qui est également engagé dans des discussions avec les Verts et les communistes, François Bayrou, qui envisage une candidature à Pau, a besoin d'alliances des deux côtés, souligne Dominique Reynié.
A la fin de l'année, une fois les listes déposées, il faudra "autant compter les rapprochements avec le PS qu'avec l'UMP" pour "valider" la stratégie autonomiste du député béarnais, explique l'analyste.
Selon Eric Azière, chargé des élections au sein du parti de François Bayrou, l'UDF comptait 800 maires sur 36.000 communes en 2001. Depuis, certains centristes ont rejoint l'UMP, d'autres le MoDem ou bien le Nouveau centre.
Aux législatives, le MoDem n'a fait élire que quatre députés contre 22 au parti d'Hervé Morin, désormais associé à l'UMP.
D'où une certaine fébrilité dans les rangs du camp Bayrou à l'approche des municipales où certains craignent une nouvelle migration d'élus centristes vers le parti majoritaire. Des alliances nouées trop vite avec la gauche pourraient les effrayer.
"Un grand nombre d'élus s'interrogent et mon souhait est qu'il y en ait un minimum qui partent", explique Didier Bariani, chef de file du MoDem au conseil de Paris. "C'est vrai pour les municipales à venir et aussi par la suite. Gare à la casse!"
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