LES HAP
Les HAP, ce qui ne veut pas dire "happy", hélas... Lisez plutôt !
Les textes et images sont extraites de ce site : http://www.cidehom.com/science_at_nasa.php?_a_id=295
C'est un site superbement fait, que je vous invite à visiter, de toute urgence ! Leur travail est magnifique et mérite d'être cité.
Les HAP, ces cafards cosmiques qui prolifèrent dans la moiteur des supernovae
traduction de Didier Jamet
Privés de nourriture, piétinés, irradiés, empoisonnés. C’est la routine quotidienne pour les cafards. Ce qu’ils peuvent endurer est inimaginable. Mais les astronomes viennent de découvrir quelque chose d’encore plus dur à cuire : les hydrocarbures aromatiques polycycliques. " Ils peuvent même survivre à une supernova " affirme Achim Tappe, du Centre Astrophysique d’Harvard.
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP pour faire court) sont des molécules ayant grossièrement l’aspect d’un anneau et constituées de carbone et d’hydrogène. Et ils sont à peu près autant appréciés que les cafards : les hydrocarbures aromatiques polycycliques sont des polluants organiques très répandus puisqu’on les trouve pèle mêle et entre autres dans les gaz d’échappement, les huiles usées et la fumée de cigarette. Sept d’entre eux sont considérés comme cancérigènes.
Cependant, ils ont aussi des vertus. Des molécules semblables aux hydrocarbures aromatiques polycycliques sont présentes dans notre ADN, et de plus en plus de biologistes s’accordent à dire que les hydrocarbures aromatiques polycycliques étaient présents sur Terre il y a 4,5 milliards d’années, lorsque la vie est apparue. En servant de squelette permettant l’assemblage de grandes molécules, ils ont peut-être joué un rôle essentiel dans le processus chimique qui a mené à l’apparition de la vie.
C’est bien la raison pour laquelle la découverte de Tappe pourrait être si importante.
L’histoire commence il y a 3000 ans, lorsqu’une grosse étoile située dans le Grand Nuage de Magellan a explosé. Par bien des aspects, c’était une supernova comme les autres, libérant en quelques jours l’énergie que rayonnera notre Soleil en 10 milliards d’années. Des gaz brûlants et des radiations mortelles sont venus déferler sur les systèmes stellaires environnants, tandis que l’étoile à l’origine de l’explosion a peut-être été complètement détruite.
Après toutes ces années, la coquille en expansion de la supernova, cataloguée par les astronomes sous la référence " N132D ", reste visible depuis la Terre. Elle s’étend sur 80 années-lumière et a déjà balayé une masse équivalant à quelque 600 soleils. Les images du satellite Chandra en révèlent les contours encore chauds.
L’année passée, " nous avons étudié en détail N132D avec le télescope spatial Spitzer " poursuit Tappe. Spitzer est un télescope infrarouge, ce qui signifie qu’il est équipé d’un spectromètre sensible aux émissions infrarouges des hydrocarbures aromatiques polycycliques. Un rapide coup d’œil sur N132D a révélé " des hydrocarbures aromatiques polycycliques dans toute la coquille de la supernova. Ils semblent être poussés par une onde de choc gazeuse de 8 millions de degrés. Cette température endommage la plupart des molécules, pourtant l’essentiel des hydrocarbures aromatiques polycycliques y survit. "
Les astronomes savent depuis longtemps que les hydrocarbures aromatiques polycycliques abondent non seulement sur Terre mais dans tout le cosmos. On les a déjà repérés dans des poussières cométaires, des météorites et de nombreux nuages interstellaires froids. Mais personne ne se doutait du fait qu’ils étaient si résistants. " C’est la première fois que la capacité des hydrocarbures aromatiques polycycliques à survivre à une supernova est mise en évidence " résume Tappe.
Et ce pourrait bien être une des clés de l’énigme de l’apparition de la vie sur Terre. Beaucoup d’astronomes sont convaincus du fait qu’une supernova a explosé dans notre coin de galaxie il y a 4 à 5 milliards d’années de cela, au moment même où du gaz interstellaire primitif entrait en coalescence pour former le système solaire. Dans un des scénarios qui cherchent à décrire l’apparition de la vie sur Terre, les hydrocarbures aromatiques polycycliques auraient survécu à la supernova, et se seraient frayé un chemin jusqu’à la Terre grâce à son souffle. Il s’avère que des empilements d’hydrocarbures aromatiques polycycliques peuvent se former dans l’eau (celle des Océans primitifs par exemple) et fournir un tuteur aux propriétés architecturales proches de celles de l’ADN ou de l’ARN et sur lequel des acides nucléiques ont pu venir se greffer. " C’est une théorie à la fois captivante et prometteuse " assure Tappe. " Mais il nous faudrait plus d’expériences et d’observations pour juger de sa pertinence. " Tappe entreprend sa part du travail avec une nouvelle session d’observations avec Spitzer. " Nous cartographions la distribution des hydrocarbures aromatiques polycycliques dans N132D, en corrélant la position des molécules à celle de l’arc de choc révélé par Chandra " explique-t-il. À partir de là, " nous espérons apprendre de quelle manière les hydrocarbures aromatiques polycycliques sont " traités " par le choc, et combien y survivent. "
Au final, les hydrocarbures aromatiques polycycliques pourraient s’avérer capables de survivre à la genèse elle-même. Les cafards n’ont qu’à bien se tenir !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire