A QUAND LA FIN DE LA FAIM ?
Puisque ce n'est que le commencement ?
La hausse des prix alimentaires alarme les instances internationales. Des milliers de personnes vont mourir de faim, craint le FMI.
« On parle beaucoup en ce moment des droits de l'homme », a constaté, ce week-end, Jacques Diouf, directeur de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), faisant allusion à la situation au Tibet. « Avec une vraie urgence alimentaire dans 37 pays, je suis surpris de ne pas être convoqué d'urgence au Conseil de sécurité à New York, tant la hausse du prix des céréales a un impact sur la sécurité des peuples et sur les droits de l'homme, notamment des plus pauvres. »
Émeutes de la faim
« La hausse des prix alimentaires pourrait avoir de terribles conséquences pour la planète entière si rien n'est fait pour l'endiguer », a renchéri, samedi, à Washington, Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI). « Des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim. Ce qui entraînera des cassures dans l'environnement économique, a-t-il mis en garde. Les progrès réalisés par les pays pauvres, depuis cinq à dix ans en matière de développement, pourraient se retrouver complètement détruits. »
De plus en plus de personnes risquent de manifester violem- ment contre cette tendance. Des émeutes de la faim ont déjà éclaté dans plusieurs pays africains, en Indonésie, aux Philippines et en Haïti. Bilan : 5 morts, 200 blessés. Elles pourraient s'étendre bientôt à l'Asie, craint Jacques Diouf, pessimiste : « Je ne vois pas de raisons objectives à des diminutions de prix. »
Le réchauffement climatique, provoquant des sécheresses, limite la hausse de la production agricole alors que la population mondiale augmente.
Le niveau des stocks des céréales est à son niveau le plus bas depuis 25 ans et il devrait encore baisser de 5 % cette année. 100 millions de tonnes de céréales par an sont désormais utilisées pour fabriquer des biocarburants. « Une telle ponction invite à peser les avantages et les inconvénients de produire de l'énergie à partir de l'agriculture », remarque Jacques Diouf.
Pour le président de la Banque mondiale, la forte augmentation de la production de biocarburants aux États-Unis, en Europe et au Japon est un facteur important de la flambée des prix alimentaires mondiaux. Le cours du maïs, utilisé pour produire de l'éthanol, a ainsi plus que doublé en deux ans.
La FAO a débloqué 17 millions de dollars pour aider les pays les plus affectés. Et elle alerte les 191 pays membres de l'organisation pour rassembler 1,7 milliard de dollars nécessaires aux programmes d'urgence.
Une conférence des chefs d'État et de gouvernement sera organisée du 2 au 5 juin, à Rome, pour permettre aux pays pauvres d'acheter des semences et des fertilisants pour nourrir leurs populations. La Banque mondiale va octroyer 10 millions de dollars à Haïti, pour aider le gouvernement à régler la crise alimentaire qui a provoqué des émeutes ces derniers jours.
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