mercredi 15 août 2007

LE DIRE AVEC DES MOTS

Puisque la haine est sans surprise et n'apporte rien. Puisque le pardon n'apporte pas grand chose. Puisque le silence est plus que vain, il est nuisible. Disons-le avec des mots.

Ce regard, je l'avais pour toi. Tu l'as tué. Tu as fait même plus que cela. Tu as tué l'enfant, estropié la femme, mais tu n'as pas réussi à mutiler mon coeur. Il bat, il est bien en vie. Même si je continue d'apprendre à vivre, je le fais avec mon courage, et ma foi en la vie.

Aujourd'hui, j'ai reçu "the" mail ! Oui, ça y est, je suis adhérente active d'AIVI (Association Internationale des Victimes de l'Inceste). Accrocher cela au blason de mon front ? Non. Mais cela veut dire des choses.

Et informer fait partie de l'action. Ne vous inquiétez pas (si vous êtes inquiet), je ne larmoie pas. Je suis ferme et décidée. A informer. Trop de vies en souffrent. Trop de vies sont en jeu et pourraient, sinon, être épargnées, du moins, guidées, aidées, comprises et soutenues.

Voici un "petit" article que j'ai préparé sur l'inceste. Différentes sources comme le site d'Aivi, légifrance, Vie Publique, l'émission ça se discute, et autres...

INCESTE : mieux comprendre

Le code Pénal ne connaît pas le mot " inceste "

Il ne fait pas de ce crime une infraction vraiment spécifique. Simplement, il est prévu que les peines de la plupart des " attentats aux mœurs " sont aggravées lorsque l'infraction a été commise par un ascendant.

Paragraphe 1 : Du viol

Article 222-23

Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol.
Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle.

Article 222-24

(Loi n° 98-468 du 17 juin 1998 art. 13 Journal Officiel du 18 juin 1998)

Le viol est puni de vingt ans de réclusion criminelle :
1° Lorsqu'il a entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ;
2° Lorsqu'il est commis sur un mineur de quinze ans ;
3° Lorsqu'il est commis sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de l'auteur ;
4° Lorsqu'il est commis par un ascendant légitime, naturel ou adoptif, ou par toute autre personne ayant autorité sur la victime ;
5° Lorsqu'il est commis par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions ;
6° Lorsqu'il est commis par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteur ou de complice ;
7° Lorsqu'il est commis avec usage ou menace d'une arme ;
8° Lorsque la victime a été mise en contact avec l'auteur des faits grâce à l'utilisation, pour la diffusion de messages à destination d'un public non déterminé, d'un réseau de télécommunications.

Des autres agressions sexuelles

Article 222-22

Loi nº 98-468 du 17 juin 1998 art. 19 Journal Officiel du 18 juin 1998)
Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise.
Lorsque les agressions sexuelles sont commises à l'étranger contre un mineur par un Français ou par une personne résidant habituellement sur le territoire français, la loi française est applicable par dérogation au deuxième alinéa de l'article 113-6 et les dispositions de la seconde phrase de l'article 113-8 ne sont pas applicables.

Article 222-27

(Ordonnance nº 2000-916 du 19 septembre 2000 art. 3 Journal Officiel du 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002)

Les agressions sexuelles autres que le viol sont punies de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende.

Article 222-28

(Loi nº 98-468 du 17 juin 1998 art. 13 Journal Officiel du 18 juin 1998)

(Ordonnance nº 2000-916 du 19 septembre 2000 art. 3 Journal Officiel du 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002)

L'infraction définie à l'article 222-27 est punie de sept ans d'emprisonnement et de 100000 euros d'amende :
1º Lorsqu'elle a entraîné une blessure ou une lésion ;
2º Lorsqu'elle est commise par un ascendant légitime, naturel ou adoptif, ou par toute autre personne ayant autorité sur la victime ;
3º Lorsqu'elle est commise par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses fonctions ;
4º Lorsqu'elle est commise par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteur ou de complice ;
5º Lorsqu'elle est commise avec usage ou menace d'une arme ;
6º Lorsque la victime a été mise en contact avec l'auteur des faits grâce à l'utilisation, pour la diffusion de messages à destination d'un public non déterminé, d'un réseau de télécommunications.

En France, une victime d'inceste peut porter plainte jusqu'à ses 28 ans au pénal. Depuis mars 2004, ce délai a été porté à 38 ans (c'est valable uniquement pour les victimes dont l'affaire n'était pas déjà prescrite au moment de l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi).

Donc, la loi prévoit une prescription de 20 ans au lieu de 10 précédemment, qui court à partir de la majorité de la victime.

Cela est uniquement valable en cas de viol (pénétration), non pas en cas de ce que l’on appelle « autre agressions sexuelles » (sans pénétration).

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LOI SUR LA PROTECTION DE L’ENFANCE

V. − L’article L. 541-1 du code de l’éducation est ainsi rédigé :

« Art. L. 541-1. − Au cours de leurs sixième, neuvième, douzième et quinzième années, tous les enfants sont obligatoirement soumis à une visite médicale au cours de laquelle un bilan de leur état de santé physique et psychologique est réalisé. Ces visites ne donnent pas lieu à contribution pécuniaire de la part des familles.

« Les parents ou tuteurs sont tenus, sur convocation administrative, de présenter les enfants à ces visites, sauf s’ils sont en mesure de fournir un certificat médical attestant que le bilan mentionné au premier alinéa a été assuré par un professionnel de santé de leur choix.

« A l’occasion de la visite de la sixième année, un dépistage des troubles spécifiques du langage et de l’apprentissage est organisé. Les médecins de l’éducation nationale travaillent en lien avec l’équipe éducative, les professionnels de santé et les parents, afin que, pour chaque enfant, une prise en charge et un suivi adaptés soient réalisés suite à ces visites.

Texte intégral de la loi sur la protection de l’enfance :

LOI no 2007-293 du 5 mars 2007
réformant la protection de l’enfance
(1)
NOR : SANX0600056L

A télécharger sur : AIVI

Retrouvez toutes lois concernant le viol sur : Légifrance. (à partir du 222-23)

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LES CHIFFRES

Evolution des enfants en danger (qui comprend les enfants maltraités et les enfants en risque) :
- 1994 : 58 000 enfants en danger
- 1996 : 74 000 enfants en danger
- 1999 : 83 500 enfants en danger

(et seulement 5 % de cas signalés)

En 1999, il y avait 18.500 enfants maltraités en France.
Les différents types de mauvais traitements sont :

Violence physique : 6 500 (35%)
Abus sexuels : 4 800 (26%)
Négligences lourdes : 5 400 (29.1%)
Violences psychologiques : 1 800 (9.7%)

Source : La lettre trimestrielle de l'Observatoire national de l'enfance en danger / numéro spécial / novembre 2000

Dans 30% des cas, les enfants maltraités ont moins de 5 ans :

- 36% ont entre 6 et 11 ans
- 34% ont entre 12 et 17 ans

Les filles sont davantage touchées que les garçons :

- 42% sont des garçons
- 58% sont des filles

Les actes de maltraitance sont surtout le fait des parents :

- 46% sont des pères
- 25% sont des mères
- 9% sont des beaux pères
-
1% sont des belles mères
- 10% sont des membres de la famille

Source : dossier publié dans le magazine mutualiste " Viva, entre nous la vie " en février 2000, n°142 sur les agression sexuelles sur l'enfant.

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Les TROUBLES ET CONSEQUENCES

Extrait du Manifeste AIVI 2004

Troubles et conséquences

Troubles multiples : une étude du Comité de protection de la jeunesse canadienne sur les cas de 85 filles ayant subi l'inceste qui a été signalé, démontre que ces filles présentaient en moyenne huit sortes de problèmes, soit d'ordre familiaux (86%), psychologiques (85%), de relations sociales (49%), scolaires (46%), de nature sexuelle (34%), de délinquance (26%), de fugue (25%) et de santé (23%).

Troubles du sommeil :20 % à 30 % des enfants agressés sexuellement ont des problèmes reliés au sommeil (8).

Anorexie - boulimie : 5 % à 20 % des enfants victimes éprouvent des difficultés reliées aux comportements alimentaires et à l'appétit. (8) 50% des anorexiques et 75% des boulimiques interrogés font état d’agressions sexuelles dont ils auraient été victimes dans leur enfance. (9)

Fugues et délinquance : des études relatives aux jeunes fugueurs et aux délinquants rapportent qu'entre 30 % et 55 % d'entre eux avaient été victimes d'agressions sexuelles. Les victimes d'inceste auraient tendance à quitter précocement la maison, avant 18 ans. (10)

Les séquelles : qui ont cependant le plus été étudiées et dont on pense qu'elles ont le plus d'impact sont les perturbations psychologiques. Sgroi les définit ainsi : la culpabilité, la peur, la dépression, la perte d'estime de soi (60 et 87% des victimes d'inceste seraient modérément ou gravement affectées dans leur estime d'elles-mêmes) et les problèmes de sociabilité, la colère et l'hostilité refoulées, la diminution de l'aptitude à faire confiance à quelqu'un, la confusion des rôles, la pseudo-maturité, alliée à l'incapacité d'accomplir les activités de développement; des problèmes de maîtrise de soi et de contrôle. (10)

Préjudice physique : le sondage national mené auprès des hôpitaux Canadiens par le Comité Badgley a permis de recueillir que plus de sept filles sur dix (71,9%) et près d'un garçon sur deux (47,4%) victimes d’agressions sexuelles avaient subi une pénétration ou une tentative de pénétration. D'après le résultat des examens médicaux, environ un enfant sur quatre (23,1%) avait besoin de soins médicaux pour des préjudices physiques ou des états pathologiques (qui n'étaient pas tous imputables à l'agression sexuelle). (10)

Prostitution : entre 76 et 90% des femmes et des hommes prostitués ont des antécédents d'agressions sexuelles pendant leur enfance, le plus souvent de nature incestueuse (11).

Toxicomanie : 35 % des femmes ayant vécu l'inceste auraient des problèmes de drogues et d'alcool, comparativement à 5 % des femmes non agressées. (12) Les femmes ayant été agressées sexuellement durant l'enfance risquent deux fois plus que les autres de prendre des somnifères et trois fois plus de recourir à des calmants. (8)

Dépressions et suicides : les victimes d’infractions sexuelles sont 8 fois plus susceptibles que les «non victimes» de faire des tentatives de suicide et 5 fois plus susceptibles de faire une dépression nerveuse. (1). U ne étude auprès des femmes hospitalisées dans les services psychiatriques des hôpitaux de Toronto révèle que 90% d'entre elles ont vécu des agressions sexuelles ou physiques ou les deux durant leur enfance. (10)

Maladies musculaires :90% des femmes atteintes de fybromyalgie auraient subi des agressions sexuelles, physiques ou psychologiques durant l’enfance, l’adolescence ou au début de l’age adulte (13)

Revictimisation : les femmes exploitées sexuellement pendant leur enfance se retrouvent souvent dans des situations dangereuses ou dans des relations où elles sont exploitées. Il existe un lien étroit entre l’inceste et l’expérience ultérieure d’agression sexuelle, de violence conjugale ou d’autres formes de violence sexuelle. (14)

Problèmes affectifs : une forte majorité des victimes d'inceste vivent difficilement leurs rapports avec les hommes, et environ 40% d'entre elles ne se sont jamais mariées. (10)

L’automutilation : le nombre des victimes d’inceste présentant des gestes d’automutilations ( brûlures, entailles, coupures) atteint 58 % dans certaines études.

Beaucoup de victimes ignorent longtemps que ces troubles et conséquences peuvent être causés par l'inceste. [10]

La justice

90 % des cas d’infractions sexuelles faites sur les enfants ne sont pas déclarées aux autorités (15).

L’inceste constitue 20% des procès d'Assises en France. (3)

64% des européens interrogés jugent la législation concernant les violences sexuelles sur enfants insuffisante. (6)

91% des européens interrogés souhaitent l’application de peines plus sévères. (6)

Les comportements

La torture jour après jour :85% des cas d'inceste durent plusieurs années (15). Ils sont toujours accompagnés de mauvais traitements psychologiques et souvent de violence physique. (17)

Les appels au secours : 78 % des adolescents fugueurs déclarent des sévices de la part de leur parent dans l'année qui précède la fugue (18)

La loi du silence : de 42,5% à 50% des personnes n’avaient jamais parlé des violences subies avant d’être interrogées. (19) (20)

Le déni : jusqu’à 50% des victimes ne se souviennent d’avoir été exploitées qu’après plusieurs années. Ce souvenir est généralement éveillé par un élément de la vie adulte. (21)

Le rejet : il existe bien souvent une complicité familiale, la mère hésitant à briser son ménage, ou résistant difficilement à l'emprise de son mari. Dans les dictatures familiales, il y a souvent rejet de l'enfant par la mère. (16)

La révélation :50% parlent des violences qu’ils subissent avec des amis ou ceux qui prennent soin d’eux (en général leur mère). (22)

Sources des données (en pdf, trop long !) : Sources données

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Télécharger le rapport de Christian ESTROSI, président du Conseil général des Alpes-Maritimes, Secrétaire d’Etat à l’Outremer, député de la 5ème circonscription des Alpes-Maritimes.

Lire également tous les renseignements concernant ce rapport sur l’inceste sur le site de Vie Publique.

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Ce qu’ a dit Ségolène Royal de la maltraitance :

En tant que ministre déléguée à la famille et à l'enfance, en novembre 2000, concernant entre autres l'inceste :

Je sais, pour m’y être engagée, combien il est difficile de lever le tabou de l’inceste et de la pédophilie qui sévit dans certaines institutions à vocation pourtant éducative : pour nous, Français, l’expérience d’autres pays (comme, par exemple, le Royaume-Uni qui a pris des décisions récentes d’aide aux jeunes victimes de ces pratiques) serait précieuse. Comme a été précieuse, lorsque nous avons entrepris de combattre le bizutage (ces rites initiatiques cruels et dégradants qui étaient en vigueur dans nombre de nos établissements éducatifs et sportifs), la réaction scandalisée d’étudiants allemands élèves de l’Ecole des arts et métiers et de classes préparatoires de haut niveau qui ont publiquement dénoncé ces pratiques barbares. Nous voir dans le regard des autres, fût-il critique, nous a aidés.

«Enfance maltraitée, traitons-la mieux»
Journée nationale de l’enfance maltraitée

Grand amphithéâtre de la Sorbonne

(Clôture)

26 septembre 2000

Les enfants et les jeunes ne sont pas objets passifs mais sujets de protection. Ils ont leur mot à dire (ce que reconnaît, dans la procédure judiciaire, la possibilité de recourir à un administrateur ad hoc) et un pouvoir de résistance qui est une dimension de la lutte contre les maltraitances dont ils peuvent être l’objet. La famille, première éducatrice, peut et doit les armer sans les alarmer inutilement. L’école également, dans le cadre de l’éducation à la vie et à la sexualité, en diffusant une culture de la responsabilité et du respect (de soi, des autres), en fortifiant leur aptitude à dire non à bon escient (dès la maternelle et avec des mots adaptés au jeune âge des élèves, on peut aborder le sujet en expliquant que «le corps de l’enfant n’est pas un jouet»).

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Ce qu’en dit un juge :

Laurent Bedouet

Juge d'instance, membre du bureau national de l'Union syndicale des magistrats

«Il y aurait confusion entre le droit et la morale»

L'insertion du terme «inceste» dans le Code pénal ne va rien changer pour la victime. Pis, elle va déstabiliser un système efficace. Pourquoi diable bouleverser les textes quand ils permettent aux magistrats de bien travailler? J'ai été longtemps juge des enfants et j'ai pu constater que les auteurs d'actes incestueux sont punis comme il convient. La législation française actuelle est d'ailleurs l'une des plus sévères en Europe, dans un pays où, en moyenne, 20% des arrêts des cours d'assises concernent des affaires d'inceste. Quelle mouche a donc piqué Christian Estrosi pour envisager un tel texte où il ne propose, d'ailleurs, aucune définition juridique claire de l'inceste? Un travers bien français veut que tous les problèmes se règlent à coups de lois nouvelles. Hélas, c'est plus compliqué. La victime n'attend pas que l'on puisse lui dire si ce qu'elle a subi s'appelle ou non «inceste», au risque de créer des confusions entre le domaine du droit et celui de la morale. Notre pratique quotidienne nous montre bien ce qu'attendent en réalité les victimes: une accélération des procédures. Il faut parfois compter deux ans entre l'arrestation du criminel et son procès. Voilà ce qui traumatise les victimes! Si certains parlementaires veulent véritablement améliorer leur sort, qu'ils commencent par réclamer au garde des Sceaux les moyens nécessaires pour raccourcir ces délais.

Par ailleurs, ce projet est démagogique: faire croire que la modification des textes permettrait d'éviter les acquittements abusifs est un mensonge. Certes, on a pu connaître des dérapages. Pourtant, la faille ne vient pas des textes mais de leur application. Céder à la tentation populiste est grave quand le bon fonctionnement de la justice est en jeu.

Insérer le terme «inceste» dans le Code pénal n'est donc pas efficace; bien au contraire, c'est néfaste. En l'absence de jurisprudence, il risque d'introduire des confusions juridiques, des incertitudes. De surcroît, au mépris des principes généraux de la présomption d'innocence, on propose que l'auteur présumé de l'inceste démontre son innocence dans certains cas précis. Ne va-t-on pas trop loin? Que les députés, à l'instar de leurs collègues du Sénat, viennent donc en stage dans nos tribunaux! La justice est une chose trop sérieuse pour supporter les coups d'esbroufe…

Au coup d'esbrouffe, je répondrais donc que les victimes qui "répondent" aux critères de l'article du Code Pénal 222-22 n'ont droit qu'à 10 ans de prescription alors que les conséquences du "crime" qui lui "dépend" de l'article 222-23 (et dont la prescription est de 20 ans) sont les mêmes... Certes, les preuves (à part psychologiques) sont difficilement produisibles devant une Cour, qui plus est devant une Cour d'Assise.
Cependant, l'introduction du terme de l'inceste dans le Code Pénal serait un très progrès pour les victimes, et ce crime, quelle qu'en soit la "nature" pourrait enfin être doté de mesures adéquates d'aide aux victimes, et surtout, la mise en place d'un "dépistage" spécifique.
Pour moi, il est important de former du personnel à ce crime spécifique : personnel de santé, personnel judiciaire, personnel enseignant même...
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Par contre, pour la rédaction de rapports, nos chers élus sont les champions, je serais curieuse de savoir combien ils touchent, pour ces rapports...
Notamment, Marie-Thérèse HERMANGE, sénateur de Paris, a écrit un rapport, en 2005, remis à Jean-Piere Raffarin, alors Premier Ministre, et Dominique De Villepin, ministre de l'Intérieur, sur la protection des mineurs... Rapport.(à télécharger)

Extrait :

Objectif n°18: Faire de la sécurité des mineurs une grande cause nationale

A 1 -Provoquer un débat public large pluridisciplinaire et concerté mobilisant l’ensemble des acteurs qu’ils soient responsables opérationnels (magistrats, administratifs, socio-éducatifs-médico) ou responsables politiques départementaux et nationaux

A 2 -Mettre en place une démarche législative.

Après les conclusions de cette grande cause, il conviendrait que soit débattue au Parlement - comme cela a été fait récemment au Québec - , une loi de protection de la jeunesse confortant la mise en oeuvre de principes reconnus actuellement par tous. En effet, depuis 1989, aucun

texte législatif, à valeur d’orientations, n’a été adopté sur la sécurité et la protection de l’enfance et de l’adolescence. Toutes les lois votées ont, chacune, porté sur une thématique particulière : création en mars 2000 de l’institution du défenseur des enfants, loi de 1992, bientôt réactualisée, sur les assistantes maternelles, loi de 1996 sur l’adoption, bientôt réactualisée, et loi de 2002 sur l’accès aux origines personnelles

Or, une démarche législative d’ensemble, comme le rappelle le rapport NAVES, répondrait à des besoins juridiques et permettrait de réaffirmer l’importance que les responsables de l’Etat reconnaissent à la protection de l’enfance. Celle-ci pourrait être fondée sur deux logiques.

Une logique globale (dans le même esprit que les lois de 1984 et1986) fondée d’abord sur le concept de protection, regardée à la lumière les variables suivantes : les faits (ceux mentionnés au signalement existent-ils ou ont-ils existé ?), la vulnérabilité de l’enfant, la capacité parentale, la capacité du milieu. Ensuite, sur l’obligation de signaler. En troisième lieu, sur le processus de protection, avec notamment les mécanismes mis en place pour

d’une part faire un signalement prévoyant un partage des 117 responsabilités, et d’autre part, l’évaluation de la situation rapportée et l’orientation à donner.

une logique sectorielle permettant de combler des besoins non nécessairement pourvus aujourd’hui par les textes en cours, et traduisant concrètement les six axes prioritaires que nous avons développés dans ce rapport : statistique, préventif, institutionnel, judiciaire, sociétal et politique. Mais aussi les propositions apportées dans le cadre du débat public.

Profitez-en donc pour lire le "fameux" rapport de Benisti sur la prévention de la délinquance... (2004) : Rapport Bénisti.

Ce n'est pas pour critiquer "gratuitement" nos élus, mais, sincèrement, et surtout, concrètement, où en est-on ?

Bah, sinon, lisez la doc sur le livre de Christine Angot. (qui, me semble-t-il, avait été l'invitée d'une émission avec N. Sarkozy...)

Ah oui... une petite piquouze de rappel concernant les lettres envoyées par Aivi lors des présidentielles, je zappe volontairement les réponses de De Villiers et F. Bayrou, légèrement beaucoup vagues... et ne vous mets que celles de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal (la plus pertinente mais qui reprend les différents poins du manifeste d'Aivi).

NS


SR

Petit article paru dans le magazine, Psychologies, de je ne sais plus quand...

Survivre à l'inceste

L'inceste est tout à la fois un abus de confiance, de pouvoir et un abus sexuel. Perpétré sur des enfants dans le plus grand des secrets.

Drame silencieux, l'inceste est non seulement un crime sexuel, mais également une agression psychique et émotionnelle grave. C'est la transgression d'une loi absolue, d'une interdiction fondamentale qui régit tout à la fois la cellule familiale, la vie dans la société, une règle intangible à la base de toute civilisation.

L'inceste concerne les adolescents, les enfants, garçons ou filles et même parfois les bébés. Commis soit par le père, la mère, frère, sœur, oncle, tante ou toute personne ayant autorité parentale sur l'enfant, il ne se limite pas qu'au viol génital. Des attouchements, des caresses imposées ou exigées, une trop grande promiscuité à caractère sexuel, le non-respect de l'intimité de l'enfant, tout cela génère des situations particulièrement destructrices pour l'enfant.

Violé psychiquement et physiquement, l'enfant se retrouve pris en étau entre l'amour pour les siens et le silence lourd de culpabilité qui lui est imposé. Les symptômes post-traumatiques sont importants. Sa guérison passera, entre autre, par la parole : briser la loi du silence pour renaître à la vie.

Livres :

Te laisse pas faire ! Les abus sexuels expliqués aux enfants de Jocelyne Robert
Le bonheur est toujours possible de Stefan Vanistendael et Jacques Lecomte
“Un merveilleux malheur” de Boris Cyrulnik

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Visualiser la vidéo : AIVI : JT France 2

Un article marocain sur l'exploitation des enfants au Maroc : Péril en la demeure

Un film à voir : Festen, de Thomas Vinterberg.

Ulrich Thomsen

A lire sur Psychologies.com : Où commence l'inceste ? En PDF : Article. (très complet)

A visiter aussi le site d'AREVI (Action et Recherche et échanges entre victimes de l'inceste).

Enfin, et pas des moindres... l'article sur le site Betapolitique :

Le viol d’enfant en correctionnelle

UN PROCUREUR REINVENTE LES FONDEMENTS DU DROIT

Justice | 25 juillet 2007

Le crime d’inceste n’existe pas dans le vocabulaire juridique français, si bien que le viol d’enfant impose aux acteurs sociaux, aux juristes, voire au psychologue, des contorsions verbales et conceptuelles qui masquent l’étendue du désastre. Quant aux politiques, ils suivent. Chacun peut alors croire que l’ordre règne...

Le 14 juillet avait lieu à l’Élysée la Garden Party coutumière organisée par les services du Président de la République. Isabelle Aubry présidente de l’Association internationale des victimes de l’Inceste et Aude Fiévet, sa collaboratrice, y avaient été invitées.

Elles s’étaient données comme mission d’obtenir des rendez vous avec le Président de la République et tous les ministres concernés par l’inceste Voici le texte du mail envoyé au adhérents de la mailing list de AIVI :

« COMPTE RENDU AIVI DE LA GARDEN PARTY A L’ELYSEE 14 JUILLET 2007

Nicolas Sarkozy est resté hors d’atteinte.

Roselyne Bachelot a été agrippée par Isabelle Aubry et a répondu que l’inceste ne la concernait pas, Devant la liste des conséquences médicales de l’inceste, Mme Bachelot a changé son fusil d’épaule et assuré qu’elle connaissait très bien tout cela. L’argument du réservoir d’économies à faire en soignant correctement les victimes dès que possible (10 000 à 26 000 € d’économie possibles par victime soignée correctement) a cependant eu l’air de pénétrer. La ministre a finalement dit “Prenez rendez vous”. Affaire à suivre.

François Fillon a été agrippé par Aude Fiévet et a répondu positivement, assurant que nous pouvions compter sur lui pour être écoutées lors d’un rendez-vous. Le rendez vous a été effectivement demandé. À suivre. Mr Estrosi a reconnu Isabelle Aubry mais n’a pas souhaité discuter, prétextant un avion urgent.

Nous n’avons pas essayé de contacter Mme Dati, car nous avions rendez vous avec son Conseiller , Mr François Guéant le mardi 17/07/2007 au ministère de la Justice.

Nous avons discuté avec un Procureur de la République de Perpignan qui était contre l’insertion de l’inceste dans le Code Pénal, prétextant comme habituellement que les textes existants sont suffisants, que la correctionnalisation des affaires est une bonne solution, rapide et moins risquée pour la victime que les Assises (arguments faux que nous avons contredits par des exemples concrets). Plus intéressant, il a chiffré à 60 000 le nombre d’affaires diverses par an dans son ressort, à 3000 celles qui restaient à instruire et juger, après les classements sans suite, médiations pénales, réponses administratives etc. ; expliquant que la correctionnalisation était la seule solution pour les magistrats devant l’engorgement des tribunaux. »

Ce qui est notable, ici, ce ne sont pas les défilades habituelles des ministres assaillis par des plaignants, alors qu’ils avaient mieux à faire dans ce moment : les petits fours, les courbettes mutuelles, etc. – on sait, rien n’est plus inconvenant que d’entendre parler de viol d’enfants au beau milieu de vos festivités par un si beau jour – mais c’est la réponse écœurante de ce Procureur de la République de Perpignan, représentant du peuple devant les cours de justice. L’engorgement des tribunaux serait donc un empêchement majeur pour entendre la plainte des victimes d’inceste, jeunes ou rescapées. Il s’agirait donc d’épargner à nos chers magistrats le stress d’un surcroît de travail et, surtout, d’avoir demander à leur ministère de tutelle les crédits nécessaires à l’exercice de leur fonction.

Rappelons que le viol relève des Assises, mais, d’après notre auguste magistrat représentant du peuple, le viol d’enfant mériterait, lui, à peine la correctionnelle. Pour ne pas fatiguer nos juges ! L’opinion exprimée ici est, hélas, celles de nombreux magistrats.

Curieuse lecture de l’esprit des lois. Ne nous avait-on pas appris que le droit avait pour fin de protéger le faible contre l’oppression du plus fort ?

Le crime d’inceste n’existe pas dans le code pénal français si bien que l’évaluation de la prédation est laissée à la seule appréciation des enquêteurs qui ne disposent pas toujours des outils d’investigation nécessaires et adaptés dans des affaires où des enfants sont victimes, de viol, de maltraitance...

Cette absence de « nommage » a un sens, qu’on le veuille ou non. Si elle révèle un vide grave dans le vocabulaire juridique, elle démontre tout autant un vide dans nos mentalités, un point aveugle.

Ne pas nommer c’est rendre la tâche facile au prédateur qui se trouve être également un pervers, qui sait alors utiliser tous les artifices que lui présentent une culture. Sait-on que de nombreux signalements se terminent par un procès en diffamation intenté par un prévenu très vite disculpé par une justice hâtive ? Certes on peut évoquer comme justification ces quelques cas où un parent perfide accuse l’autre d’attouchement sur les enfants... Cela existe et prouve une chose : l’incapacité de la justice à enquêter de manière rigoureuse... Alors, oui, il y a des ratages !

Nous vivons encore selon les principes d’une mentalité archaïque qui voudrait que le père accorde paix et protection a sa famille. Or, 85% des prédateurs-violeurs d’enfants sont des hommes, les signalements de cas d’inceste ne sont que la pointe émergée d’un gigantesque iceberg. Ne pas voir, refuser de nommer le crime, c’est croire que le père demeure au-dessus des lois, qu’il reste soumis à l’archétype de la « possession par le père » du code romain.

Mais c’est aussi le point aveugle de nos sociétés dites du spectacle, qui sont d’abord prédatrices, fondées sur la domination du plus fort sur le plus faible et sur une formidable volonté hégémonique – ce que je dis, ce que je fais et ce que je pense, valent comme valeurs universelles et je me dois de les imposer aux autres pour leur bien. Cette volonté est érigée en mission sacrée, donc impérieuse.

Sans que nous en ayons pris conscience, nous avons subi une mutation dont les effets pervers s’insinuent lentement dans nos mentalités, si bien qu’il devient presque normal d’évoquer la souffrance d’une enfant violé comme s’il s’agissait de celle du poulet qu’on égorge dans un abattoir. C’est une question d’experts, de super man de la technologie.

Prétendre que l’inceste serait exceptionnel, n’impliquant qu’une fraction marginale des délits, est un artifice facile qui masque l’étendue du désastre. Les « gens de terrain » le savent, eux qui constatent chaque jour combien cela peut concerner n’importe qu’elle famille, n’importe quel enfant, pas seulement ceux qui habitent les bas-fonds de banlieues. Pour ces questions, le juge est en bout de ligne, le travailleur social en première ligne mais il n’a guère la parole, tout au moins celle qui servirait de porte-voix pour faire entendre les plaintes de ces enfants qui vont souffrir leur vie durant. (lisez leurs témoignages, il existe de nombreux sites de victimes ouverts au public)

La banalisation rampante de la transgression du tabou fondamental qu’est l’interdit de l’inceste doit être associée au rejet du féminin et du sentiment dans nos sociétés – tout ce qui dérange un ordre pourvoyeur de sécurité. Tout s’explique, tout se mesure, les mystères les plus profonds ne résistent pas à la sagacité des héros de la technologie. Nous voulons, nous exigeons parfois que la science – en fait la technologie – réponde à toute nos demandes, nous oublions alors qu’il y a des humains derrière ces figures héroïques et qu’ils peuvent aussi se servir de leur image pour entretenir un drôle de commerce avec l’ombre sans visage d’un mal qui devient endémique. Soyons curieux, à l’écoute de ceux qui nous entourent – hommes et femmes – et nous constaterons, effarés que ce mal radical est bien ancré.


Une pétition en ligne contre toute prescription du crime d’inceste À travers cette pétition, il s’agit d’abord de sensibiliser un public plus vaste...

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