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PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy s'est engagé à rapatrier pour qu'ils soient jugés en France les membres de l'Arche de Zoé poursuivis au Tchad pour enlèvements d'enfants et escroqueries, une hypothèse fermement rejetée par N'Djamena.
"J'irai chercher ceux qui restent, quoi qu'ils aient fait (...) le rôle du président est de prendre en charge tous les Français", a déclaré le président français en marge d'un déplacement en Bretagne.
Le Tchad revendique contre Paris le droit de juger sur son territoire les membres de l'ONG, contre lesquels la justice française fait état de nouveaux éléments à charge.
Le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique tchadien Ahmat Mahamat Bachi, qui qualifie les suspects de "bandits", exprime ce souhait dans un entretien publié mardi dans le quotidien Le Parisien.
"Les faits ont été commis au Tchad. C'est pourquoi ces bandits doivent être jugés et condamnés ici. Ils doivent aussi purger leur peine dans le pays : qu'ils goûtent à nos prisons ! Et une fois qu'ils auront purgé leur peine, nous les expulserons du pays une bonne fois pour toutes", dit-il.
Dix Européens - les six membres français de l'Arche de Zoé, trois stewards espagnols et le pilote belge qui devait ramener en France 103 enfants africains - sont inculpés et écroués au Tchad pour enlèvement et escroquerie.
Le président français Nicolas Sarkozy et la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme Rama Yade ont déjà exprimé leur préférence pour un procès en France, ce qui est techniquement possible aux termes d'une convention bilatérale.
"Nous avons une justice compétente et un procès en France constituerait une insulte pour le peuple tchadien", dit-il. "Quand nos délinquants se font arrêter chez vous, ils ne sont pas amenés ici. Soyons sérieux, ces inculpés doivent être jugés au Tchad", insiste Ahmat Mahamat Bachir.
La justice française, qui a ouvert fin octobre une information judiciaire pour "exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption", possède aussi des éléments à charge contre les membres de l'Arche de Zoé.
BRETEAU A MENTI A LA POLICE FRANCAISE
Alors qu'il est déjà établi que l'association a caché au Tchad son projet d'emmener les enfants en France, il apparait que son président, Eric Breteau, a menti à la police française, a-t-on appris de source judiciaire à Paris.
Interrogé le 10 août par la Brigade de protection des mineurs de Paris sur son projet de ramener des orphelins du Darfour en France, il a assuré bénéficier du soutien de l'Unicef, ce qui était faux. Il a aussi invoqué l'appui d'une ONG américaine dont il a donné le nom, "Children rescue".
Ce nom était en fait celui adopté au Tchad par les membres de l'Arche de Zoé. Par ailleurs, Eric Breteau s'est vu lors de cette audition de police adresser une mise en garde officielle contre la mise en oeuvre de son projet, mise en garde mentionnée sur le procès-verbal, qui a été signé par Eric Breteau.
Saisi par le Quai d'Orsay le 24 juillet, le parquet a ouvert une enquête préliminaire, ce qui a débouché sur un rapport de police remis le 5 septembre.
Selon le parquet de Paris, il n'était pas possible juridiquement d'engager des mesures coercitives contre les membres de l'Arche de Zoé avant qu'ils aient concrètement exécuté leur projet concernant les enfants.
L'information judiciaire a été confiée à deux juges d'instruction de Paris, qui vont centraliser les plaintes déposées partout en France par les familles qui avaient financé l'Arche de Zoé en vue de l'accueil d'un enfant.
Eric Breteau clame son innocence dans un entretien au journal Sud-Ouest publiée mardi. "La seule chose que j'ai faite, c'est que j'ai voulu sauver des enfants qui sont dans la détresse. Aujourd'hui, on parle de moi comme d'un criminel, alors que je suis le seul à avoir essayé de faire quelque chose pour le Darfour", indique-t-il au journaliste qui l'a rencontré lundi après-midi dans sa cellule.
L'enquête menée par les organisations internationales montre que les enfants que l'association a failli ramener en France n'étaient pas soudanais mais tchadiens et que leur très grande majorité n'étaient pas orphelins, puisqu'ils pouvaient citer au moins une personne qu'ils considéraient comme leur parent.
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