MEDIAS ET LIBERTE... PATRICK ALLEMAND S'EXPRIME
Estrosi en vedette sur le canard enchainé!
"Le groupe Hersant Média vient de faire une entrée fracassante dans la bataille des municipales à Nice, qui oppose le sénateur-maire UMP Jacques Peyrat au très sarkozyste ministre de l'Outre-Mer... investi par l'UMP, Christian Estrosi. Entre l'ex-para et l'ex-motard, Philippe Hersant a déjà choisi le second. Et, le 23 novembre, il a fait un joli coup tordu au premier.
Sondage au forceps
Ce jour-là, « Nice-Matin » publie son premier sondage explosif, avec ce titre pétaradant à la une : « Municipales à Nice: un seul tour pourrait suffire ». A l'intérieur, deux pages. détaillent l'ampleur du tsunami qui s'annonce: 51 % pour Estrosi dès le 9 mars, contre 14 % à son rival Peyrat et 18 % au candidat PB, Patrick Allemand. Dans l'hypothèse d'un second tour, le 16 mars, Estrosi l'emporterait égale- ment avec 57 % des voix. Et, de toute façon, « 77 % des Niçois pronostiquent sa victoire ». Bref, l'affaire est pliée d'avance.
Surprise : l'enquête n'est pas l'œuvre d'Ipsos, sondeur habituel de « Nice-Matin ", mais de la Sofres. Et pour cause: ce n'est pas le quotidien qui a commandé lui-même ce sondage, mais le groupe Hersant, qui l'a fait réaliser par la Sofres et l'a carrément imposé à « Nice- Matin ». Une initiative pour le moins originale... puisque c'est toujours Lagardère qui est propriétaire du titre! Hersant a bien signé, en août dernier, un contrat de rachat du pôle sud de Lagardère ( «Nice-Matin », « La Provence », « Corse- Matin », etc.) pour 160 millions d'euros, mais cette vente reste toujours suspendue au feu vert des autorités de la concurrence à Bercy...
Qu'à cela ne tienne! C'est Frédéric Aurand en personne, numéro deux d'Hersant Média, , qui a géré l'opération sondage, à Nice, en direct avec Michel Comboul, pédégé de « Nice-Matin ». Et le même Aurand a exigé que cette enquête aux petits oignons pour Estrosi soit publiée le vendredi 23. Une date pas vraiment choisie au hasard : le lendemain, Peyrat inaugurait le tramway de Nice, sa plus grande fierté. Hersant aurait voulu plomber la fête et enflammer Nice qu'il ne s'y serait pas pris autrement. D'autant que le climat est déjà un brin tendu: le gracieux Peyrat, 76 piges, qui hurle à tout-va qu'il va « défourailler », vient de retirer leur délégation à neuf adjoints « estrosistes » (dont Dominique, l'épouse du ministre) et les qualifie à l'envi de « félons » et de « salopards» « JDD », 25/11).
Sarko dans le pastis
Sur le coup, Michel Comboul n'était donc pas très chaud pour publier le sondage à la date imposée par Hersant, comme il l'a confirmé au « Canard ». Mais le patron de « Nice-Matin » est vite rentré dans le rang: « Hersant n'est pas propriétaire, mais il va l'être. (...) C'est vrai qu'on aurait préféré publier le sondage deux jours plus tard. Mais on nous a dit "non, c'est compliqué" ... Finalement, j'ai pris la décision de maintenir la parution. » Sage décision vis-à-vis du futur actionnaire...
En prime, « Nice-Matin »a payé le sondage. Et le quotidien n'a pas hésité à s'enthousiasmer. Il a publié une interview radicale du patron de la Sofres, Brice Teinturier, qui crucifie Peyrat : « C'est un rejet tout à fait rare du maire en place que je n'avais jamais observé, et il y a longtemps que je sonde.» Le tout avec cette estocade signée " Nice-Matin " : « Nice s'est transformée. Mais Nice ne veut plus de Jacques Peyrat. » Apportez les fleurs et les couronnes!
Bien entendu, tout cela n'a rien à voir avec le fait qu'Estrosi a été un des plus fervents supporters de Philippe Hersant dans le rachat du pôle sud de Lagardère. Ni même qu'Hersant se trouve être le pape de la presse de l'outre-mer, dont Estrosi est le ministre...
Et dire que, ce vendredi 30, Sarko, qui avait reçu Peyrat à l'Elysée le 26 octobre pour lui confirmer son soutien à... Estrosi, débarque à Nice pour le sommet franco-italien. Coincé entre l'ex-para et l'ex-motard, il va devoir mettre beaucoup d'eau dans ce pastis..."
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