UN PEU D'HISTOIRE... (une petite partie de)
Je ne suis pas une championne de l'histoire politique locale ou nationale, mais j'ai envie de comprendre ce qui se passe par chez nous et j'espère apporter quelques éclaircissements aux lecteurs non politiques de mon blog. Je dois vous avouer que j'apprendrai en même temps que vous ! Je savais déjà que si Patrick Mottard avait failli l'emporter en 2001, c'était grâce aux voix Médecinistes, mais je ne savais pas pourquoi... J'ai dû écouter trop d'amis pro Mottard pour en avoir une version neutre... Je croyais à une "entente", une force de rassemblement, au bout du compte, si j'ai bien compris, cela était plutôt dû à des oppositions concernant certains projets de Jacques Peyrat.
La situation actuelle est bien plus complexe qu'en 2001. Malgré une certaine opposition à notre ancien maire, Jacques Peyrat (je me souviens d'un "oh non !" catégorique d'une personne qui ne savait plus pour qui voter, et, pour la tester, je lui avais suggéré Peyrat, je précise bien "Pour la tester!") ..., et un contexte national plutôt favorable à la gauche, ceci étant dû, encore une fois, à un mécontentement contre la politique menée par Nicolas Sarkozy, mais, il faut l'avouer, avec la dissidence de Patrick Mottard, d'où une division de la gauche (peut-être plus due aux différends Allemand-Mottard, dont les divergences sont fortes - je m'en expliquerai peut-être plus tard), nous ne l'avons pas emporté.
Je pense, d'un premier point de vue, et cela, je peux le dire d'après ce que je voyais et entendais autour de moi, et, aussi, pour le "personnage" : Peyrat avait un ancrage bien implanté, limité certes, mais bien implanté, un "ancrage" du coeur, si on puit dire, et c'est pour cela que son score ne pouvait ni baisser entre les deux tours, ni augmenter d'ailleurs. Il suffit, pour en avoir un aperçu, de bien regarder les différents débats, les meeting et les gens qui entourent Peyrat. On connait son grand "pouvoir oratoire", sa fidélisation due à une certaine écoute, un certain respect des amis, un électorat en partie Fniste (encore, il y a eu des recherches du style "contre la mosquée à Nice" sur mon blog) mais contre lui, les "fameuses affaires" (voir vidéo), une absence de politique sociale, des projets mirobolants et inutiles (la nouvelle mairie...), et puis, l'âge... La dissidence, me semble-t-il, Peyrat n'y prête pas tant d'attention que cela, il a su "faire" sans étiquette".
Christian Estrosi, pourtant, le "bien aimé", le "désiré", celui que l'on croyait l'élu sans contradictions possibles, a souffert de la politique nationale. Je me souviens d'une fameuse inauguration du tramway où il avait cité au moins dix fois le nom de Nicolas Sarkozy, ô quelle erreur, prestement rectifiée par la suite, les élections municipales étant une affaire de coeur locale. Allant par la suite jusqu'à omettre le sigle de l'UMP sur ses affiches électorales. Je peux rapporter une anecdote personnelle d'une femme que je connais, qui, il y a quelques mois, me parlait d'Estrosi avec un grand sourire béat, a très probablement voté pour Sarkozy, mais qui, au bout du compte, ne voulait plus entendre parler de celui qu'elle admirait, jusqu'à aller voter Peyrat "pour les emmerder tous".
Ce dernier terme m'amène à douter d'une chose : avait-elle finalement opté pour la gauche ?
Christian Estrosi, et c'est ce qui est peut-être décevant, a finalement remporté la mairie, mais, avec une faible majorité de voix (pour parler concrètement), comme quoi, faire parler les sondages à la place du peuple, cela ne fonctionne pas si bien. Il possède, néanmoins, ce que les dissidents de gauche appellent l'appareil... une force de frappe importante, et un aplomb de première. Et, il faut l'avouer, un certain charisme, sinon une force de rassemblement, si l'on doit en croire selon sa réélection comme président du conseil général, faute de l'absence (élective) d'Eric Ciotti au rendez-vous des élections cantonales, et, malgré le nombre de représentants de droite au conseil général... non négligeable, il me semble étonnant qu'ils n'aient "trouvé" personne...
Pour la page d'histoire : A télécharger ici, dans son intégralité.
Lu ICI
Joseph Martinetti
La mise en œuvre de la synthèse peyratiste ( 1994-2001)
La forte poussée de l’extrême droite à Nice, liée en partie à la chute de la dynastie Médecin, va donner lieu à la réalisation d’une synthèse politique originale qui permet de distinguer la situation niçoise de celle de la Provence, où les candidats FN victorieux conservent leur étiquette politique.
Jacques Peyrat, avocat connu du barreau de Nice, estime, dès son échec aux législatives de 1993 face à Christian Estrosi, que la démarche de son parti aboutit à une impasse et le condamne à une posture d’éternel opposant. Il décide alors de composer une liste divers droite aux municipales de 1995. Nettement en tête au premier tour, sa liste l’emporte largement dans une quadrangulaire contre la liste Barety, le FN et une liste de gauche qui, contrairement aux consignes de désistement, se maintient au second tour. Comment expliquer le succès de cette mutation politique ?
Jacques Peyrat, né à Belfort en 1931, est, à la différence de la grande majorité des candidats du FN, un notable. Installé à Nice après la Seconde Guerre mondiale, il s’engage dans le 1er bataillon étranger de parachutistes en Indochine en 1953, où il rencontre Jean-Marie Le Pen. Puis, reprenant ses études, il devient avocat en 1968, s’inscrit au barreau de Nice et connaît une première notoriété en étant le défenseur d’Albert Spaggiari, chef du fameux « gang des égoutiers ».
Après avoir été dans un premier temps gaulliste au RPF, il commence une carrière politique en 1962, et, sous l’étiquette CNI, est battu par l’avocat gaulliste Pierre Pasquini. Jean Médecin l’intègre ensuite dans son équipe municipale, en 1965. Comme Jacques Médecin, il rejoint les giscardiens dans les années 1970, puis participe à la création du FN, au côté de J.-M. Le Pen, dans les années 1980. Député FN en 1986, il est battu en 1988, ne passant pas le cap du second tour dans la troisième circonscription. Aux législatives de 1993, Le Pen s’impose, malgré l’avis de J. Peyrat, dans cette troisième circonscription, qu’il juge « gagnable » contre Rudy Salles. L’élu local doit alors se rabattre sur la plus difficile seconde circonscription. Dès la bataille du quatorzième canton contre Mme Murcia, en 1992-1993, sa stratégie d’autonomisation vis-à-vis du FN s’affirme. Confortant son implantation et souhaitant profiter de la grave crise politique niçoise, il réalise sa mutation politique, et déclare qu’« il faut, aujourd’hui, proposer une autre forme d’action politique au niveau local et tracer le chemin qui nous permettra de n’être plus diabolisés. L’efficacité doit primer sur tout le reste » [Cojean, 1995]. Les raisons de son succès sont multiples.
Sa personnalité contraste face à un J.-P. Barety, considéré comme « un cacique de transition » [Fredet, 1995]. La prestance de Peyrat rappelle celle de Jacques Médecin, homme direct, autoritaire, un « vrai patron ». Solidement implanté à Nice, marié à une Niçoise, Monique Mari, dont la famille est influente, il gère un réseau actif de relations politiques et professionnelles. Mais le gage de son succès, c’est la liberté politique dont il dispose vis-à-vis des partis nationaux, en fondant, sur le modèle du Rassemblement républicain de Jacques Médecin, un parti local, l’Entente républicaine, instrument essentiel de sa stratégie. Il peut, ainsi, faire le pari d’une ligne localiste, bénéficiant du soutien de J. Médecin, à qui il rend visite dans sa prison de Grenoble.
Débarrassé de son étiquette FN, il peut rallier à sa démarche le président de la CCI, qui sera son premier adjoint, et il compose, comme J. Médecin, une liste représentant les différentes communautés ethniques et culturelles de Nice : Arméniens, Juifs, Corses, rapatriés, Maghrébins. Après Borriglione ou Raiberti au XIXe siècle, Peyrat s’est converti.
Les limites de la démarche « peyratiste »
Le succès de l’entreprise municipale permet au maire et à la droite niçoise, mais aussi plus largement maralpine, d’envisager désormais une cohérence politique, sans être gênés par la présence de la troisième force du FN, qui peut les mettre en minorité. La campagne de J.-M. Le Pen pour dénoncer « la félonie » a, localement, moins d’impact. Un reflux du FN est perceptible et, à la suite du nouveau maire, une porosité entre droite et FN s’établit. Le cas de Max Baeza est, à ce titre, exemplaire. Membre du Front national, il suit le maire dans sa démarche de conversion. Dans l’équipe municipale, il obtient la stratégique direction de l’OPAM, office des HLM des Alpes-Maritimes. Mais remis en cause pour sa gestion et battu sous l’étiquette UMP, il rejoint le FN en 2003. Son parcours illustre les limites de la démarche de synthèse entreprise par J. Peyrat. En effet, le maire est assez rapidement contesté : on lui reproche son autoritarisme et l’étroitesse de sa garde rapprochée. Les Niçois, employés municipaux en particulier, lui reprochent sa froideur et sa distance, qu’ils opposent à la chaleur et à la familiarité de l’ancien patron. Le maire fait également une série de déclarations maladroites, à propos des musulmans ou des femmes, qui réactivent, à son encontre, l’entreprise de disqualification morale. Ses limites reposent aussi sur la difficile équation qu’il s’est imposée dans la gestion de la ville. Ayant construit son pouvoir sur le modèle localiste des Médecin, il veut être l’homme de la rigueur et de l’assainissement financier, prenant acte d’une normalisation du fonctionnement politique de la ville.
S’inscrivant dans la durée et estimant avoir amélioré les finances publiques, il lance une série de grands projets. Pour rendre plus efficace la gestion municipale, il décide d’entreprendre la construction d’une nouvelle mairie, dans le quartier Libération. Mais ce projet déclenche une double opposition. La première, symbolique, lui reproche de délocaliser les fonctions politiques, risquant ainsi de réduire le Vieux Nice à une seule fonction récréative.
La seconde réside dans le projet architectural lui-même. Pour édifier le bâtiment, il propose la destruction de la gare de Provence, bâtisse originale du début du XXe siècle. Catherine Tasca, ministre de la Culture, impose alors le classement de la façade, comme Jack Lang, en son temps, celle du Palais de la Méditerranée, menacée par l’ivresse moderniste de Jacques Médecin. Le projet, pourtant justifié, de tramway soulève également des oppositions. Son parcours Nord-Sud est considéré insuffisant, alors que l’essentiel de la mobilité de l’agglomération s’effectue dans un sens Est-Ouest. La poussée de la gauche aux cantonales de 1998 constitue un premier avertissement.
Les élections municipales de 2001 sont difficiles pour le maire, mais l’échec relatif de la gauche plurielle au niveau national et la sociologie électorale de Nice lui assurent une réélection. Pourtant, une grande partie de la droite niçoise, dont G. Assémat-Médecin, a ouvertement appelé à voter en faveur de la liste socialiste conduite par Patrick Mottard.
Enfin, les dernières cantonales de 2004 sont, pour le maire, un échec dans sa stratégie de positionnement de « proches » dans les cantons niçois renouvelables. Un seul, dans un VIIe canton très majoritairement à droite, arrive péniblement à assurer son élection. Contestation du tramway et démolition de la gare de Provence permettent à P. Mottard de l’emporter dans le Ve canton sur une proche du maire, la députée M. Marland.
Enfin, le trucage des marchés publics par Michel Vialatte, son directeur général des services de la Ville, ébranle la cohésion municipale et remet en cause certains grands projets. Cet ancien collaborateur de Xavier Dugoin, ex-président du conseil général de l’Essonne, signifierait-il l’importation à Nice d’un nouveau type de corruption à l’échelle nationale et visant à financer les partis politiques nationaux ?
La démarche de synthèse engagée par le maire de Nice et visant à rendre sa cohérence à la droite niçoise est, donc, remise en cause. La gauche, consolidée, peut envisager une solide offensive en 2007 (hem, hem... ma note). La chute de la maison Médecin n’a pas encore été résorbée.
Malgré ce qu'ils disent à la fin de ce reportage, on peut le faire en chanson aussi, mais pas qu'en chanson !!!
Une forte imprégnation de droite, une forte imprégnation du vote FN reporté sur les différentes listes de droite, et plus récemment sur les Identitaires, un contexte de droite défavorable certes, mais une gauche qui apparait divisée, tout dépend de qui la divise. Je ne sais pas si j'ai envie d'aborder ce thème plutôt explosif...
J'ai plus envie de tourner la page, de dire, Patrick Mottard a choisi de conduire sa liste, Nice Autrement, parce que resté lancé sur sa dynamique de 2001 qu'il croyait pérennisée, donc, quelque part, in et hors PS, et de sa voie démocratique de vote interne (Est-ce que Patrick Mottard pourrait imaginer que s'il était à l'UMP, le candidat aurait été désigné par les instances nationales...), il n'a pas accepté le vote des adhérents. Je sais qu'il continuera sa route, cela est digne, si on la mène d'une autre manière que cette campagne menée plutôt contre le PS que contre Christian Estrosi (même un article de je ne sais plus quel journal le dit !).
Pour la question si souvent soulevée par les médias, du fait que Patrick Allemand n'ait pas tendu la main au second tour à Patrick Mottard, demandez à Christian Estrosi, s'il aurait tendu la main à son "dissident"... Vous avez peut-être un brin de réponse.
Je préfère prévenir que je ne publierai pas les commentaires insultants ou diffamatoires. Cependant, vous avez le droit de vous exprimer (manquerait plus que ça !).
Cendra
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