mardi 5 février 2008

SI LA FRANCE A UNE AME

Aimer les autres, dans leurs différences, ce n'est pas les aimer en touriste. Du haut d'une pyramide. Ce n'est pas les aimer de loin, tout en sachant qu'ils existent.
Ce n'est pas montrer des images déchirantes pour seulement faire affluer des dons, ou toute autre action, même si digne, insuffisante.
Aimer les autres, c'est les prendre tels qu'ils sont. Mais c'est difficile. Nous avons tant de préjugés, et moi la première, tant de conquêtes à défendre, notre territoire à protéger, qu'il est si facile de se sentir envahis.
Quand un Président dit "nous les Chrétiens", il fait fi de tous ceux qui ne le sont pas. Il fait fi de tous les efforts d'intégration d'une population non chrétienne, musulmane, hindoue, juive, athée, bouddhiste, autre...
Une de mes richesses, c'est d'avoir vécu à Londres, ville très cosmopolite. D'avoir fréquenté des hindous, des musulmans, des catholiques pratiquants, des protestants, des juifs, des athées. Cela ne m'a jamais "influencée", dans le sens de me blottir dans une carapace chrétienne (et pourtant élevée à la catholique). J'avoue avoir peur de l'extrémisme, de tout extrémisme, de tout ce qui "enferme", car, pour moi, si l'on doit croire, c'est pour ouvrir son esprit et son âme, et qui plus est son coeur.
C'est pour cela que je suis pour la construction d'une mosquée à Nice, parce que les croyants doivent pouvoir prier dans un lieu digne. Il y a bien des églises. Il y a bien des synagogues. Il y a bien des temples.
Il y a bien le ciel...
Il y a bien des universités. Des médiathèques.

Si la France a une âme, c'est peut-être celle de la liberté, et de sa défense. Le pays des droits. Le pays de la pensée.

Et penser, et rêver, certes...

La danse de l’âme bouleverse les cieux ; la science et la sagesse proviennent
de la danse de l’âme, la terre et le ciel proviennent eux aussi de cette danse.
Elle procure à l’individu le ravissement de Moïse ;
et grâce à elle la communauté devient l’héritière du Royaume !
Apprendre la danse de l’âme, voilà ce qui importe.

Mohammad Iqbâl, Djâvid-Nâma.

Delanoë accuse Sarkozy de "blesser l'âme de la France"

STRASBOURG (Reuters) - Bertrand Delanoë a invité lundi les électeurs à donner une dimension nationale aux élections municipales en attaquant frontalement Nicolas Sarkozy, qu'il a accusé de "blesser l'âme de la France" par ses propos sur l'Afrique ou la laïcité.

"Il ne faut jamais toucher à l'âme de la France", a lancé le maire de Paris qui participait à Strasbourg à un meeting de soutien à Roland Ries, le candidat socialiste aux élections municipales dans la capitale alsacienne.

"Lorsque celui qui parle au nom de la France tient des propos qui donnent de nous tous une image indigne sur nos amis africains dans un horrible discours de Dakar, quand ces propos sont tenus au nom de la France, c'est toute la France qui a mal et c'est toute la France qui n'est pas bien", a-t-il poursuivi.

Le président français avait suscité un certain émoi en laissant entendre, dans un discours prononcé le 26 juillet dans la capitale sénégalaise, que l'Afrique n'était "pas assez entrée dans l'Histoire", qu'elle était immobile, stationnaire.

"Peut-être qu'à l'occasion de ces élections locales, il n'est pas totalement inutile d'inscrire notre réflexion et notre engagement, par notre bulletin de vote, dans un contexte national", a estimé celui qui ne dément ni son intérêt pour la tête du parti socialiste ni les ambitions présidentielles qu'on lui prête.

"Lorsque le président légitime de la France va au Vatican et, parlant des Français dit 'Nous les Chrétiens'. Et les autres? Et ceux qui ne sont pas chrétiens?", s'est encore interrogé Bertrand Delanoë.

"Lorsque la laïcité n'est pas d'abord liberté, lorsque la laïcité n'est pas d'abord respect, lorsque la laïcité n'est plus d'abord égalité, lorsque la laïcité n'est pas l'instrument dans la République du rassemblement, l'âme de la France est aussi blessée", a-t-il ajouté.

Le maire de Paris a opposé l'attitude du chef de l'Etat aux "enjeux de civilisation" qu'il défend dans son programme pour un prochain mandat à Paris.

Cette expression qu'il manie depuis peu en prônant notamment le renforcement des liens intergénérationnels ou intercommunautaires et le développement durable, n'est pas sans rappeler la "politique de civilisation" défendue le 1er janvier par Nicolas Sarkozy qui l'avait empruntée pour l'occasion au philosophe Edgar Morin.

Gilbert Reilhac

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