lundi 12 mai 2008

TRAMWAY : D'UNE AFFAIRE DE COEUR AUX AFFAIRES... IL COURT...

On l'a attendu, il est venu, mais au bout de quels chemins tortueux d'affairisme, de longueurs interminables d'un chantier qui n'en finissait pas, au prix de souffrances des riverains, des commerçants, et aussi, des habitudes !

Quand on pense qu'il a été mis en route le 27 février 1879, puis électrifié en 1900, sous les Tramways de Nice et du Littoral (TNL) avec la poussée de croissance de la population de Nice et des villes et villages alentours. Les lignes du bord de mer ont été fermées lors de la grande crise de 1929, les lignes péri urbaines ont été mises au repos en 1934. En 1939, seulement 4 lignes subsistaient mais, lors de la seconde guerre mondiale, comme les bus étaient réquisitionnés, deux lignes furent remises en service, mais, mal entretenues après la guerre, la dernière rame rendit son ultime soupir le 10 janvier1953.
Retrouvez les images du passé de ce tram sur un site excellemment fourni (avec beaucoup d'amour je suppose !) : Tramway De Nice.

Je vous avouerais que l'Art dans la Ville, lié au tramway, m'avait laissée dubitative, surtout avec les panneaux d'arrêt du tramway de Ben, dont je me demandais l'utilité, mais à présent, je me pose la question de ma "légèreté de l'être", dans la quête de la connaissance, si elle n'est pas faite dans... les règles de l'art ! Décidément, avec mon blog, et sa transformation, je me transforme moi-même, et j'avance sur le chemin de l'autre, le chemin de la connaissance.
C'est ainsi que je découvre que les voix prêtées aux noms des stations (qui, je l'avoue, commencent à m'agacer) sont celle de Mado La Niçoise et de Michael Lonsdale, il paraitrait même que les sons des voix sont différents selon l'heure et les saisons, il est vrai que j'avais noté une différence, sans en connaître la raison.

Ainsi encore que je re-découvre "La porte fausse" alors que je la trouve superbe, de l'artiste Serkis Zabunyan, dit Sarkis, comme quoi, parfois, il faut d'autres yeux pour voir.

Des yeux matinaux, encore tout embrumés de rêves, comme ces images tendres, me font me souvenir de ces fameux réverbères... Hem, dirons-nous, éclairages publics, ce sera moins insultant pour Pascal Pinaud et Stéphane Magnin... C'est parce que j'aime les choses sans qu'on me les explique, cela vient de loin, la beauté sans savoir, ou le savoir sans la beauté, n'y a-t-il pas un juste milieu ?
Tout comme ce mobilier urbain, "Le confident" de Jean-Michel Othoniel aux structures d'aluminium et perles de verre.

Sans oublier les très belles illuminations des statues de Jaume de Plensa, dont je me suis fait un four...

Si vous voulez en consommer immodérément, pas de problème, la "photo maniaque" que je suis ne s'est pas privée...

Mais, si l'on doit parler d'art, vous devez savoir que celui-ci a un coût, et, même si j'admire, quelque part, Jacques Peyrat, pour cela, je suis retombée sur mes deux pieds, et, pour le final, je me suis dit que n'importe qui aurait pu le mettre en place.
Parce qu'après tout, une ville comme Nice, avec près de 343.123 habitants, cinquième ville de France, une densité de 4.766 habitants au km2 (130ème densité en France), représentant la 388ème superficie de France, il suffit d'une once de logique que la circulation est un problème de premier ordre, tout comme la pollution. Qui n'a pas été sur un haut panoramique de Nice et observé cette brume plus ou moins opaque sur la ville, et cette impression si agréable de respirer, dès que l'on est sur les hauteurs ?
Pour comparaison, Nantes a une population de 270.343 habitants (6ème ville de France), et possède son tramway depuis 1985...

Un tramway relativement cher, (plus de 407 millions d'euros), financé principalement par la CANCA, le Conseil Général (25M d'euros), le Conseil Régional (13M d'euros), la Ville De Nice et l'Etat... Un tramway qui grince quand il aborde les virages, qui paralyse tout son trafic quand il y a un accident, soit sur la voie, soit dans la ville (incendie), mais un tramway confortable dont la forme et la couleur ont été étudiés particulièrement par rapport à la ville et son climat.

Les chiffres en détail :

Le coût total de ce grand projet urbain pour l’Agglomération Nice Côte d’Azur, et la Ville de Nice est de près de 560 millions d’euros

Ce montant comprend notamment :
- Le coût direct du tramway : 407 M€ (CANCA)
- La réalisation des parcs relais : 15 M€ (CANCA)
- Les travaux des réseaux communautaires : 40 M€ (CANCA)
- La commission d’indemnisation à l’amiable : 13 M€ (CANCA)
- L’accompagnement artistique du tramway : 3.3 M€ (CANCA)
- La contribution de la Ville de Nice aux travaux d’aménagement réalisés par la CANCA : 16 M€ (Ville de Nice)
- Place Masséna : 13 M€ (Ville de Nice)
- Place Fontaine du Temple : 4 M€ (Ville de Nice)
- Place Armée du Rhin : 5 M€ (Ville de Nice)
- Square Lépine : 1 M€ (Ville de Nice)
- Ecrêtage de la dalle du parc auto place Masséna : 2 M€ (Ville de Nice)
- Voie nouvelle du mail des Universités : 5 M€ (Ville de Nice)
- Coutures de raccordement République et Borriglione : 4 M€ (Ville de Nice)
- Déviation des réseaux eaux pluviales : 25 M€ (Ville de Nice)
- Eclairage public le long de la ligne 1 : 4 M€ (Ville de Nice)
- Plantation des arbres : 1 M€ (Ville de Nice)

Cette opération sera subventionnée par l'Etat à hauteur de 28 millions d'Euros, auxquels il convient d'ajouter des participations du Conseil régional Provence Alpes Côte d'Azur (PACA) : 13 millions d'Euros et du Conseil général des Alpes-Maritimes : 25 millions d'Euros.

Pour comparaison, le tramway du Mans a coûté 302 millions d'euros HT, pour une ville de 143.064 habitants et une densité de 2.767 habitants au km2.

Mais c'est ici que les affaires du tramway salissent la ville. En 2005, Dominique Monleau, élu de la majorité municipale UMP, a été mis en examen pour avoir touché des dessous de table (de 45.000 euros chacun) dans l'attribution du marché de maîtrise d'œuvre du tramway à une ancienne filiale de Thalès.
Le coup de grâce, une annulation en appel de la Déclaration d'Utilité publique de ce même tramway pour des questions de stationnement des riverains, si j'ai bien compris...

Et même le journal L'Humanité s'en mêle et nous apprend ceci :

Un événement rarissime s’est récemment produit dans la magistrature : une juge, vice-présidente du tribunal administratif de Nice chargée des collectivités locales et des marchés publics, a été mutée et rétrogradée. Parmi la dizaine de dossiers qu’elle avait traités, où la balance aurait curieusement penché en faveur des puissants, celui de l’un des marchés publics pour le futur tramway de Nice qui avait fait, voilà un an et demi, l’objet d’un recours déposé par l’élu socialiste Jean-François Knecht. Débouté en un temps record, ce conseiller général, élu à Nice, n’en a pas moins poursuivi ses investigations. En octobre dernier, et tandis que la chambre régionale des comptes bouclait son rapport sur le même sujet, il déposait avec Patrick Mottard, président du groupe socialiste municipal, une plainte au pénal pour « favoritisme et atteinte à la liberté d’accès et à l’égalité des candidats dans les marchés publics ».

A suivre...

Bien sûr, les travaux ont été longs (très longs selon ce que j'ai pu entendre deci delà, dans la rue, par des personnes ayant connu des travaux similaires dans une autre ville), des vestiges du temps passé ont été même découverts, rue de la République (je me demande ce qu'elles sont devenues), des essais "transformés" pour une inauguration, le samedi 24 novembre, où deux stars se sont produites : le tramway et Jacques Peyrat.



Déjà, en janvier, je me posais des questions sur la ligne 2, pour moi indispensable, tout comme la continuation de la ligne 1 vers La Trinité, vous pouvez trouver le projet du réseau sur le site du tramway.
Le tramway ne fait pas que des heureux, notamment au niveau des petits commerces, non seulement de la place Masséna (le fameux Vogade a émigré à Cagnes Sur Mer !), mais également de Jean Médecin, et supposons que les commerces de la Place Garibaldi vont également souffrir.

Grâce à Fay, on peut vivre son premier voyage... Moi, j'ai attendu qu'il y ait moins de monde !!!
C'est ici, et ici !!! Tout comme vous pouvez retrouver mon "tout premier" voyage à moi...

Et une de mes premières photos "psyché"...

Lors d'un de mes "voyages utiles"... Enfin, pour qui veut...

20 rames donc pour environ 6.500 utilisateurs journaliers. Comparé à Nantes (+ de 83.000, un truc comme ça), et Le Mans (34.000), je crois que l'on a encore du chemin à faire, mais ce qui me fait souvent hésiter, c'est qu'il est forcément plein à partir du palais des Expositions et ce, jusqu'au moins La Libération... (pléonasme ?)

Lire le billet de Patrick Allemand et ses impressions. il faut savoir que c'était une de ses priorités, et je la trouve logique. Pour moi, la ligne est-ouest est primordiale, notamment pour les demandeurs d'emploi et les travailleurs. Il faut également savoir que la ligne démarre tôt et finit très tard, ce qui est un atout.

J'aurais voulu ce billet bien plus documenté, bien plus fourni, tant au niveau des documents, qu'émotionnellement, mais je compte sur vous pour l'enrichir...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellente synthèse

Cendra a dit…

Venant de toi, c'est un compliment que j'apprécie plus particulièrement.
Ce thème mérite d'être développé, notamment sur une projection des futures lignes et de leur impact sur les commerces, le mode de déplacement de nos concitoyens, et de leurs changements (ou pas) de mode de vie.
C'est un sujet à long terme...

Anonyme a dit…

Merci Cendra pour les liens qui amènent à ma vidéo du tram
Ton article est passionant !

Cendra a dit…

Je me souvenais que tu nous avais raconté ton voyage... Parce que moi, le monde, ça m'avait fait fuir (coincés comme des sardines, eurk)...
Hum et pourquoi pas créer un article "Trams du monde"... ?