dimanche 4 mai 2008

ET VIVRE, MALGRE TOUT

"LE SILENCE DES AUTRES"

L'affaire de Josef Fitzl en réveille d'autres. je ne vais refaire ici l'actualité mais en dégager certains questionnements. Comme pour toute histoire, cela ne peut être que personnel, donc peut-être subjectif.
Ces "affaires-là", révèlent bien des failles du côté de la justice, du côté du silence qui entoure l'inceste aussi. Je ne sais pas ce qui fait le plus mal, de subir cela de son propre père, ou le silence des autres. Du silence des autres, on peut toutefois en dégager deux types : le silence complice (celui de la mère, entre autres) et le silence du malaise que l'inceste peut créer. Le silence complice est celui qui fait le plus mal car on attend des autres, et, surtout de sa mère, d'être protégé. Dans le cas de Lydia (séquestrée, violée, violentée par son père et sa belle-mère, et qui a eu 6 enfants), le plus grave est que ce silence complice s'étend à tout un village, et, qui plus est, des instances sociales. Si, pour la mère, on peut évoquer les sentiments ambivalents d'une mère et d'une femme, et ce n'est certes pas une excuse, on ne peut excuser les services sociaux de garder le silence, eux, dont c'est le métier, de faire des signalements.
Ce que dit Lydia sur Le Post, est époustouflant d'horreur, si on en croit les propos du maire...
Je n'arrive pas à comprendre qu'elle puisse rester dans ce village. Après avoir regardé son témoignage, je me dis qu'elle est empreinte de courage et de bonté. Ce qui émane d'elle est force et amour. Et pourtant, des horreurs, elle en a connues, puisque l'inceste était accompagné d'actes de barbarie.


Les chiffres de l'inceste sont inquiétants, d'autant plus inquiétants que, le silence aidant, on ne peut que soupçonner la "légèreté" de ces chiffres. Les derniers chiffres connus sont de 83.500 enfants dont seulement 5% des cas seraient signalés à la justice. N'imaginons même pas combien de cas peuvent aboutir à une peine...
L'association AIVI (Association Internationale des Victimes de l'Inceste) lutte pour l'imprescriptibilité et l'introduction dans le droit pénal du terme de l'inceste.
Imprescriptibilité, pourquoi ? Parce qu'il faut un long chemin, pour être assez fort afin d'entamer une procédure judiciaire longue et douloureuse, pour prendre conscience que l'on a des droits, entre autres et maintes raisons.
Relire mes billets sur un article de Nice Matin, où le mot "inceste" n'est pas écrit... Un autre billet qui explique un peu plus en détails.

Introduction du mot inceste dans le code pénal. Parce qu'il s'agit d'un acte perpétré par un membre de la famille. Parce que c'est difficile à prouver. Parce que les conséquences psychologiques sont les mêmes pour des différents degrés d'agression, or, le code pénal actuel fait une distinction entre les criminels (Cour d'Assises) et les délinquants (Correctionnelle), et le temps de prescription n'est pas le même (20 ans et 10 ans).
Mon père est un délinquant ! Assimilé donc à un voleur à la tire ? Pourquoi pas...

Lire les textes de loi sur le site d'AIVI.

Consulter leur foire aux questions, si vous vous en posez...

En Allemagne, l'inceste est considérée comme un crime spécifique, lire les différentes lois de différents pays européens sur le site du Sénat.
En 2004, Christian Estrosi avait rédigé lui-même une proposition de loi visant à ériger l'inceste comme une infraction spécifique, loi, qui évidemment, n'est pas passée...

Même aujourd'hui, 31 ans après les faits, cela reste très douloureux, surtout que les conséquences sont nombreuses, notamment parce que l'inceste induit parfois à répéter le passé, et conduit parfois la victime à des relations amoureuses négatives ou néfastes, à des relations avec son corps très destructrices. Ce qui est difficile à vivre également, ce sont les relations avec la famille, la victime étant souvent indésirable. Comment faire la part des choses, s'accepter enfin, se pardonner, s'aimer.
Dans le documentaire, Lydia dit qu'elle arrive à rire, que c'est ce qui l'empêche de pleurer, qu'elle ne regarde pas en arrière, qu'elle regarde en avant, que la vie est belle. L'écriture est un exutoire. Son livre, le silence des autres, en dira sûrement long... (il devrait sortir dans environ 3 semaines)

J'arrive à rire, j'arrive à pleurer, j'aimerais pleurer un peu moins, pour pouvoir agir. J'aimerais écrire. Ce blog en est-il l'amorce ?

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